Déclaration du Sommet des Peuples à l’occasion du Sommet Afrique
France
Les peuples ont aussi une voix !
Nous,
Peuples d’Afrique et d’Europe, convergence des sans voix, représentant plus
d’un milliard de personnes, réunie du 10 au 12 janvier 2017 à la Pyramide du
Souvenir de Bamako, symbole de résistance, interpellons par cette déclaration
tous les chefs d’Etats et autres dirigeants présents au Sommet Afrique France,
afin qu’ils prennent en compte nos préoccupations et propositions, gages de la
paix, de la sécurité et de la prospérité partagée.
Nous
tenons à rappeler par cette déclaration qui n’est que la continuité d’idéaux
ancestraux à l’exemple de la charte de Kouroukanfouga initiée par Soundjata
Keita, fondateur de l'Empire du Mali, qui, déjà en 1222 avait écrit sur ces
terres une première charte des droits humains et de la vie.
Celle-ci
stipulait entre autres :
«
Toute vie étant une vie, Tout tort causé à une vie exige réparation. Par
conséquent, Que nul ne s’en prenne gratuitement à son voisin, Que nul ne cause
du tort à son prochain, Que nul ne martyrise son semblable… »
Convaincus
qu’en construisant ensemble le passé, on peut se tourner vers l’avenir, nous
vous adressons, comme à toutes les oreilles qui veulent bien nous écouter,
cette déclaration qui devrait être reprise dans les conclusions de votre
sommet.
Nous,
mouvements sociaux et citoyens, avons des principes qui nous lient et sont le
socle de nos luttes basées sur : le respect, la promotion des droits humains et
des biens communs.
Aujourd’hui
nous sommes convaincus que des solutions existent et doivent être mise en
oeuvre immédiatement :
1. Au niveau des droits humains
Ø
Protéger les
droits humains, arrêter la criminalisation des défenseurs de droits humains
notamment ceux et celles qui défendent les biens communs et la violence contre
les communautés.
2. Au niveau de la souveraineté alimentaire, du
foncier, des ressources naturelles
Ø Stopper immédiatement tout accaparement de terres,
d’espaces publics, de démolitions de zone d’habitations, de spéculation
foncière tant dans l’urbain, le péri-urbain que dans le rural pour vivre dans
la paix et la sécurité
·
Respecter et
appliquer les droits fonciers collectifs coutumiers des communautés y
Stopper immédiatement tout accaparement de terres,
d’espaces publics, de démolitions de zone d’habitations, de spéculation
foncière tant dans l’urbain, le péri-urbain que dans le rural pour vivre dans
la paix et la sécurité
Ø
Respecter et
appliquer les droits fonciers collectifs coutumiers des communautés y compris
dans les terres aménagées par l’Etat en redonnant la place légitime aux
autorités coutumières pour la reconnaissance, l’attribution et la gestion des
terres en toute équité et impartialité
Ø Sécuriser les espaces villageois et les terres
familiales y compris, les forêts classées et non classées, les cours d’eaux,
les espaces sylvopastoraux, les lieux de cultes et les droits d’usages y
afférents,
Ø
Prendre en compte
le droit permanent des femmes et des jeunes ruraux à la terre
Par
rapport aux zones extractives
Ø
Avoir une
transparence totale sur les contrats avec des études d’impacts
Environnementales et sociétales fiables, en impliquant
les populations
Ø Répartir les revenus de l’exploitation des ressources
minières à 50% pour le pays dont une partie reversée aux communautés locales
Ø
Dédommager les
populations locales et restaurer les zones dégradées y compris la dépollution
des sites après leur exploitation
Par
rapport aux zones urbaines
Préserver
et sécuriser les espaces publics tels que les marchés, les espaces verts, les
cimetières, les espaces nourriciers tels que les jardins, les eaux…tout en
impliquant les populations
Par
rapport à l’agriculture, socle de nos économies
Ø Appliquer
le principe de la souveraineté alimentaire avec la promotion de l’agriculture
familiale basée sur l’agroécologie paysanne.
Ø Préserver
les droits des agriculteurs sur les semences paysannes en appliquant le traité
TIRPAA (Art.9), le principe de précaution du protocole de Cartagena pour
empêcher l’introduction des OGM dans l’agriculture et l’alimentation y compris
les OGM issus des nouvelles biotechnologies et en interdisant le biopiratage de
nos savoirs et de nos semences paysannes.
Ø Augmenter
et concrétiser les 10% de l’accord de Maputo pour l’agriculture, les 30% des
accords de Praia pour le pastoralisme et orienter ses fonds pour soutenir
l’agriculture familiale basée sur l’agroécologie paysanne et non à
l’agrobusiness.
Ø Promouvoir
nos systèmes alimentaires locaux sains, garant d’une nutrition adéquate en
encourageant le « produire et consommer local », en développant et multipliant
les unités de transformation, les marchés locaux, nationaux et sous régionaux.
Ø Soutenir
la déclaration des droits des paysans et paysannes et des travailleurs en zone
rurale, actuellement en négociation aux Nations Unies (ONU).
Au niveau
gouvernance, démocratie
Ø Renforcer
la redevabilité et la transparence économique et financière qui passent
notamment par des règles fiscales fortes, la fin de l’opacité des relations
commerciales et rendre public les différents budgets ;
Elaborer
des lois nationales et régionales qui protègent nos droits en s’appuyant sur
des textes basés sur les droits humains (Charte africaine des droits de l’homme
et des peuples des PIDESC, Directives de gouvernance foncière, Directive
contraignante sur la responsabilité des multinationales …) ;
Avoir des élections
crédibles, transparentes et apaisées en respectant les résultats des urnes ;
Ø Revoir la
position des Etats via leurs parlements sur les enjeux des Accords de
Partenariats Economiques (APE) pour ne pas les ratifier et au contraire
construire avec les peuples une intégration effective régionale ;
Ø Créer des
espaces de dialogue politique et social pour une gouvernance juste inclusive et
équitable ;
Créer une monnaie
africaine, gérée par les africains ;
Ø Abolir
les dettes illégitimes et illégales;
Ø
Refuser
l’implantation des bases militaire étrangères dans nos pays.
3. Au
niveau du droit à la mobilité
Ø Respecter
le droit à la libre circulation, notamment les conventions internationales sur
les droits des migrants.
Ø
Refuser le diktat
de l’Europe sur les politiques migratoires et l’extension des frontières
européennes au-delà de l’Europe et concevoir une politique migratoire africaine
en adéquation avec les réalités socio- économico – culturelles du continent.
Ø Respecter
l’Article13 de la déclaration universelle des droits de l’homme et ratifier les
conventions relatives aux droits des travailleurs
Ø Refuser
les accords de réadmission et l’utilisation des laisser-passer pour faciliter
l’expulsion des migrants
Ø Réviser
l’Article 13 de l’accord de Cotonou qui instrumentalise l’aide publique au
développement à la gestion des flux migratoires.
Ø Refuser
l’externalisation des frontières européennes et leur militarisation dans nos
pays.
4. Au
niveau des femmes et jeunes
Ø Respecter l’équité et les droits pour
les femmes et les jeunes
Ø
Développer des dynamiques
rurales, justes et équitables pour éviter l’exode massif des jeunes notamment
des filles ;
Ø
Renforcer leurs capacités
par des formations qualifiantes et appropriées pour des emplois dignes et une
autonomisation pour toutes et tous, car ils/elles sont les forces de l’avenir ;
Ø
Faire appliquer les droits
du travail pour les aides ménagères en ratifiant la convention 189 de l’OIT ;
Ø Assurer
un système social qui permet de bien se soigner et d’avoir des retraites
décentes, en plus d’assurer aux jeunes l’accès à plus d’emplois.
Spécifiquement
au Président Français
- L’arrêt du dispositif
économique et financier du Franc CFA.
- L’arrêt
de l’extension des frontières européenne par l’installation des bases
militaires étrangères en Afrique.
Nous vous demandons
de soutenir nos processus de construction pour un monde meilleur, un monde basé
sur le respect mutuel, la justice sociale et environnementale, l’équité, la
solidarité et l’harmonie avec et entre les peuples.
Enfin,
nous ne pouvons plus accepter que notre présent et l’avenir de nos enfants
soient compromis par des décisions politiques inappropriées.
Fait à
Bamako le 12 janvier 2017
Les Signataires
Plateforme nationale
CGLTE AO (CMAT, COASP, BEDE, COFERSA, ADDAD Mali, CRSC Kayes,…), Caritas /
Tournons la page, Acord, FOSC, AME, Djéré ben/Magrheb Sahel, Bloc "debout
sur la Françafrique", Ensemble nous sommes un peuple, MIRAU, CRSC de
Kayes, CIMAD, RAI, CAJAS, Groupe des patriotes du Mali, LOGINA – TOUNKANRAKE,
AMRK, UFF-Benin, AMDH Mauritanie, OIP-RCI,
No Vox Afrique.
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